Comment la loi du 24 octobre 2025 sur l’emploi des seniors va boulverser les entretiens professionnels de votre organisme de formation

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Esteban
20/11/2025

D’un coup de plume législatif, les règles du jeu sur l’emploi des seniors s’invitent au cœur des stratégies RH.

Fini le temps où préparer l’entretien professionnel d’un salarié expérimenté ressemblait à un exercice purement administratif.

Fin 2025, fidéliser les collaborateurs de 55 ans et plus est devenu… une bataille pour l’avenir, tant pour l’entreprise que pour la société elle-même.

« Emploi des seniors » : de quoi parle-t-on vraiment ?

Impossible d’ignorer l’ampleur du phénomène : l’emploi des seniors rassemble toutes les politiques qui visent à recruter, maintenir en poste ou accompagner l’évolution professionnelle des salariés de 55 ans et plus.

Plus qu’un concept RH, c’est une boussole pour naviguer entre impératifs humains, économiques… et légaux.

L’enjeu est double : sécuriser la carrière de ceux qui ont fait la preuve de leur valeur, et permettre aux entreprises de miser sur l’expérience, le transfert des compétences, la stabilité opérationnelle.

Ce que change le contexte

Entre 2024 et 2025, la part de seniors actifs ne cesse de grimper en France, portée par les dernières analyses de l’Insee et la Dares.

Les chiffres sont implacables : chaque remplacement d’un salarié senior coûte l’équivalent de six à douze mois de salaire.

Ajoutez à cela un contexte réglementaire qui place le curseur sur la formation continue et l’accompagnement, et la conclusion s’impose : il n’a jamais été aussi coûteux, ni aussi risqué, de négliger l’entretien professionnel des salariés expérimentés.

Mais au-delà du respect de la loi, tout DRH avisé voit la formidable opportunité : limiter le turnover, incarner une image employeur forte et engagée dans une démarche RSE sérieuse.

Mieux préparer l’entretien des seniors : méthode et perspective

À l’heure où la loi du 24 octobre 2025 impose un cadre renforcé, chaque entretien professionnel avec un salarié senior est un levier stratégique.

Il s’agit, d’abord, de sortir du schéma routinier : le cœur de la démarche consiste à écouter les aspirations, repérer les expertises clés, anticiper les besoins de formation, et bâtir un plan qui conjugue impératifs opérationnels et évolution du salarié.

L’art du dialogue devient essentiel. Un manager ou un RH bien préparé creuse les motivations profondes, challenge les parcours, donne de la perspective… Mais surtout, formalise, trace, documente chaque échange dans une logique de conformité.

Les objectifs sont clairs : consolider les compétences, fluidifier la transmission des savoirs, prévenir la lassitude.


L’entretien senior ne doit plus jamais être vécu comme une formalité, mais comme la scène d’un pacte renouvelé entre l’entreprise et son collaborateur expérimenté.

Fidéliser, former, transformer : votre nouvelle feuille de route

Pour les organismes de formation, le défi est d’apporter des solutions sur-mesure et de s’aligner sur les stricte exigences du nouveau dispositif.

Côté entreprise, c’est tout le pilotage RH qui bascule : optimisation du CPF et du plan de développement des compétences, montée en puissance de l’accompagnement personnalisé, valorisation de la diversité des âges.

En 2025, fidéliser les seniors n’a rien d’une simple obligation. C’est le meilleur moyen de traverser les bouleversements démographiques à venir et de gagner réellement en compétitivité.

Ce qui compte, finalement, ce n’est pas la conformité à la nouvelle loi, mais ce que l’on en fait. Il ne tient qu’à nous d’en faire un levier de progrès durable, au bénéfice des entreprises… et des hommes et femmes qui les font vivre.

Origines et cadre légal : ce qui a tout changé

Tout bascule en octobre 2025, quand la France trace une ligne ferme : les seniors entrent de plain-pied dans l’agenda stratégique des entreprises.

La loi ne se contente pas d’ajouter une couche réglementaire : elle rappelle que chaque parcours de salarié expérimenté est un atout, un enjeu, une responsabilité partagée.

La loi du 24 octobre 2025 en synthèse

Un texte court, mais dense. Désormais, « maintenir, adapter, former » devient le nouveau triptyque.

Les obligations formelles concernent aussi bien la nature des entretiens professionnels que la formation individualisée des 55 ans et plus.

Impossible d’esquiver : les indicateurs liés aux seniors doivent être déclarés, suivis, analysés. La traçabilité se fait protectrice… mais aussi redoutable en cas de manquement.

Ce que la loi impose (vraiment)

L’entreprise est désormais tenue à un rythme soutenu.

- Tous les quatre ans, chaque salarié (senior inclus) bénéficie d’un entretien de parcours professionnel, avec un renforcement du suivi pour les 55 ans et plus.

- Tous les huit ans, c’est l’heure du grand bilan, pour mesurer les avancées, détecter les failles.

- Un entretien spécifique de fin de carrière doit être réalisé dans les deux ans précédant le 60e anniversaire du salarié, consacré à la projection et à l’adaptation du poste

On ne parle plus seulement de recenser des compétences mais bien de bâtir des projets : mobilité, évolution, fin de carrière, accès à des modules de formation innovants.

Les exigences de traçabilité s’ancrent dans le quotidien : convocations, comptes rendus argumentés, actions chiffrées et suivi des formations constituent le nouveau patrimoine documentaire du salarié expérimenté.

Le moindre écart, désormais, peut parfois coûter cher : sanctions pécuniaires, abondements correctifs sur le CPF, recours contentieux… et une atteinte potentiellement durable à la réputation de l’employeur.


Seuils et obligations


- Les nouvelles obligations s’appliquent en priorité aux entreprises d’au moins 50 salariés.

C’est au-delà de ce seuil que l’absence d’entretien professionnel ou de bilan récapitulatif entraîne des sanctions.


- Les entreprises d’au moins 300 salariés ont également des obligations de négociation d’accords sur l’emploi des seniors et doivent prévoir des plans d’actions spécifiques

Entre obligations et levier stratégique : la formation senior sous contrôle

Derrière chaque ligne légale, la conformité réelle se construit sur l’action.

La transmission des savoirs trouve un second souffle avec le tutorat certifié, tandis que le maintien en emploi s’appuie sur des dispositifs personnalisés tel la VAE.

Quand la jurisprudence rappelle la règle du jeu

Ce n’est pas une théorie : depuis 2022, les décisions tombent.

Manquer un entretien ou négliger l’accès à la formation expose l’employeur à des sanctions concrètes.

Les organismes officiels (Service-Public, Legifrance, Dares) balisent la route et rappellent sans ambiguïté la portée de ces exigences. 

La réforme n’est pas un sursaut : c’est un virage pour toute la filière formation et gestion RH.

État actuel et tendances : fidéliser devient vital

Il suffit de regarder les chiffres pour saisir l’urgence.

En 2025, le taux d’emploi des 55-64 ans atteint un niveau historique en France : 61,8% des seniors sont actifs, une progression inédite depuis 1975.

Cette montée ne s’explique pas seulement par la réforme des retraites : derrière les statistiques, un phénomène se dessine.

Les secteurs clés (industrie, santé, IT, énergie) font face à des pénuries de compétences qu’aucun jeune ne suffit à combler.
Face à cet enjeu, la fidélisation des salariés expérimentés devient une sorte de grand art. On assiste à la montée de la VAE, du digital learning, à la transformation profonde du parcours professionnel.

Les entreprises adaptent leurs stratégies, formant et aménageant pour ne pas voir partir ceux qui détiennent savoir-faire et expérience.

Pourquoi les seniors partent… et pourquoi ils restent

La réalité, souvent plus brute que les rapports statistiques, tient en quelques constats.

Nombre de seniors quittent leur poste parce que la pénibilité augmente, que le manque de perspectives s’installe, ou que leur ancienneté devient synonyme d’obsolescence des compétences.

Fatigue, usure professionnelle, digitalisation rapide sans accompagnement : autant de motifs de départ qu’il ne faut plus ignorer.


Mais il existe des leviers puissants pour inverser la tendance.

Reconnaissance concrète, adaptation des conditions de travail, flexibilité sur les horaires ou les missions, formations certifiantes ou modulaires, transmission intergénérationnelle : voici les ingrédients d’une fidélisation réussie.

Ceux qui les mettent en place voient baisser le turnover et naître une vraie culture de la transmission.

Des pratiques qui inspirent le marché

Chez les employeurs les plus attentifs, des initiatives fleurissent.

Programmes de maintien dans l’emploi, tutorat intergénérationnel, aménagements de fin de carrière : chaque bonne idée devient une brique de la fidélisation.

Le diagnostic partagé construit des parcours sur mesure.

Les entretiens professionnels seniors ne servent plus à cocher des cases : ils apportent des bénéfices majeurs :

D’abord, ils offrent une vision claire et partagée de la situation.

Ensuite, ils garantissent un accès équitable à la formation et à la VAE.

Troisièmement, ils aboutissent à un plan d’action concret, ajusté pour chaque salarié.

Ils accélèrent le transfert des compétences, et enfin, ils réduisent durablement le turnover.

Défis courants, solutions éprouvées

Certaines questions reviennent systématiquement :

- Les refus de formation ? Les formats courts, la VAE et les binômes facilitent l’adhésion.

- Le manque de temps pour se former ? Le micro-learning s’impose et prouve son efficacité.

- Les coûts élevés ? Mutualiser avec l’OPCO ou mobiliser le CPF simplifie la démarche.

Pour la traçabilité, la digitalisation et l’outillage rendent le suivi moins lourd et plus fiable.

À l’horizon 2026, fidéliser un senior n’est pas une formule RH toute faite.

Ceux qui sauront saisir l’opportunité feront de leur organisation un terrain où chaque expérience compte.

Voilà la tendance qui façonne et inspirera l’avenir du travail.

Préparer et conduire les entretiens professionnels seniors

Analyse approfondie et guide pratique

Préparer un entretien professionnel avec un salarié de 55 ans ou plus, c’est accepter que ce rendez-vous ne ressemble à aucun autre.

On n’y parle pas seulement de compétences ou d’objectifs : on y aborde la continuité du parcours, la projection, l’adaptation, la transmission.

Cet entretien devient un moment de lucidité stratégique, à la croisée des besoins de l’entreprise et des aspirations d’un collaborateur expérimenté qui veut rester acteur de son avenir.

Définition et finalité de l’entretien senior

L’entretien professionnel dédié aux seniors n’est pas un simple entretien RH « classique ».

Il vise à sécuriser l’employabilité, anticiper les risques d’usure, renforcer les compétences clés et s’assurer que les conditions de travail permettent un maintien durable dans l’emploi.

L’objectif est clair : ouvrir la voie à une évolution adaptée, utile et concrète, et non à une simple formalité administrative.

Ce qu’il faut préparer en amont

Un entretien réussi se joue avant le jour J.

Le RH ou le manager doit entrer dans la discussion avec une vision précise de la trajectoire du salarié : parcours, formation suivie, irritants identifiés, missions dans lesquelles il excelle, zones de fragilité éventuelles.

L’analyse des conditions de travail compte autant que l’analyse des compétences.

L’âge rend certains signaux plus sensibles : fatigue, charges mentales, transformations rapides des outils numériques…

Autant de facteurs à intégrer pour offrir un diagnostic honnête.

À cette préparation s’ajoute un autre volet : celui des opportunités.

Beaucoup de seniors détiennent une expertise rare. L’entretien doit donc permettre de détecter les missions de tutorat, les formations stratégiques, les projets transverses et les rôles de transmission qui peuvent enrichir l’ensemble de l’organisation.

Conduire l’entretien : créer un espace de confiance

Conduire l’entretien senior exige une posture d’écoute active, sincère et pragmatique.

Il ne s’agit pas d’aborder la conversation avec une grille rigide, mais avec une intention : comprendre où se situe le salarié dans son parcours, ce qui l’anime encore, ce qui l’use, ce qu’il veut transformer.

Le cœur des échanges porte sur les missions qui ont du sens, les compétences à réactiver ou à renforcer, les formations utiles, l’évolution souhaitée du rythme ou du périmètre.

L’entretien doit aussi aborder la question des aménagements physiques, organisationnels ou horaires sans tabou.

Ce dialogue ouvre ensuite la voie à la construction d’un plan d’action clair, réaliste, argumenté. La traçabilité devient un allié : un compte rendu précis, une projection en étapes, des mesures datées.

L’entretien doit laisser une empreinte durable, au service de la conformité autant que de la confiance.

Perspectives et prévisions : évolution des pratiques seniors 2025-2030

Un horizon qui se redessine

Entre 2025 et 2030, la gestion des parcours seniors va connaître une accélération sans précédent. Les entreprises entrent dans une décennie où l’expérience ne sera plus simplement un atout, mais une ressource stratégique, rare et convoitée.

Ce qui se joue n’est pas seulement le maintien dans l’emploi : c’est la stabilisation des compétences clés, la continuité opérationnelle et la capacité à affronter une transition démographique majeure.

Les organisations qui anticipent aujourd’hui bâtissent une avance décisive pour demain.

Scénarios probables : trois trajectoires possibles

Les prochaines années laisseront place à plusieurs rythmes d’évolution, en fonction des politiques publiques, du marché de l’emploi et du positionnement des entreprises.

1. Scénario d’accélération (le plus probable)

La pression réglementaire et sociale s’intensifie :

  • Indicateurs seniors intégrés aux obligations de reporting ESG,
  • Pénalités financières renforcées en cas d’écarts,
  • Objectifs chiffrés de maintien en emploi,
  • Forte médiatisation des bonnes (et mauvaises) pratiques.

Les entreprises s’organisent alors comme de véritables écosystèmes d’apprentissage intergénérationnels.

2. Scénario modéré

Les entreprises s’appuient davantage sur les OPCO et sur des mutualisations sectorielles.

Les pratiques progressent, mais lentement, et seules les organisations les plus matures transforment réellement leurs entretiens seniors en outils stratégiques.

3. Scénario contraint

Dans un contexte budgétaire tendu, les priorités se resserrent.

Les entreprises privilégient la conformité minimale, au détriment de l’innovation.

Résultat : fidélisation faible, coût du turnover élevé, et risque juridique renforcé.

Innovations RH et pédagogiques : ce qui va transformer les pratiques

Derrière les obligations, un mouvement de fond s’installe : la modernisation des approches formation et RH.


Les leviers qui domineront 2026 :

  • Mobile learning personnalisé, accessible à tout moment et adapté au rythme du salarié.

  • IA générative pour diagnostiquer les besoins, préparer les entretiens et proposer des parcours individualisés.

  • Micro-certifications pour valider rapidement les compétences stratégiques.

  • AFEST nouvelle génération, intégrée directement dans les activités de terrain.

  • Tutorat intergénérationnel structuré, avec reconnaissance officielle du rôle et traçabilité renforcée.

Les seniors ne seront plus seulement formés : ils deviendront acteurs, mentors, garants de la stabilité opérationnelle.